Merveille colossale

Publié le 2 Octobre 2014

                Je m’approche d’elle. Sa grandeur me plonge dans l’ombre. Si haute, cette tour est démesurée. Je ne vois pas encore son entrée, mais je peux sentir l’odeur âpre qu’elle dégage. Je regarde un instant ma ceinture : mon holster est là. J’ai bien mon sac à dos. Mes chaussures sont bien attachées. Je souffle un coup : il est temps d’y aller. Tout en marchant prudemment, je jette un coup d’œil sur elle, si majestueuse. Rien à redire. Sa masse imposante, son style unique et ses décors féériques la rendent presque irréelle. L’arche d’entrée m’apparaît. Plus haute que moi, elle me toise d’un regard dédaigneux. Elle sent le danger. Moi aussi. Je prends mon courage à deux mains. Il le faut.

 

                Je pénètre dans l’antre nauséabond qui m’entoure. Ses parois en porcelaine brillent par endroits. De nombreuses couleurs se reflètent de toutes parts, rendant le lieu semblable à un arc en ciel irrégulier. J’efface cette pensée de ma tête et continue. Je me mets un masque sur le visage,  puis commence à monter l’escalier. Les barres métalliques en forme de marches tanguent sous mon poids. Je ne préfère pas regarder en dessous. Je me fixe pour objectif le sommet. Seul compte ce but. Mes pieds glissent régulièrement, mais je m’accroche aux parois tant bien que mal. Parfois, une anse me permet de survivre plus aisément.

 

                Le premier palier franchi, les couleurs s’estompent peu à peu, pour laisser place à un blanc mat. Le sol devient aussi irrégulier, et les parois ne sont plus rondes. Des piliers et des murs s’encastrent d’une manière incompréhensible. C’en est presque envoutant. Un peu comme un palais d’Alice au Pays des Merveilles, avec une odeur désagréable en plus. Je continue, tant bien que mal. J’arrive dans une pièce qui n’a pas sa pareille : des dizaines de parois translucides me donnent le tournis. Peu de lumière passe au travers, mais les reflets n’en sont que plus désagréables. Malgré tout, mon ascension ne cesse pas. Je grimpe de nouveau, dans des couloirs sombres, puis à la lumière du jour, à l’extérieur de la grande tour. En faisant attention à ne pas glisser, je pénètre un nouveau palier, plus grand encore que les précédents.

 

                Ici, il fait très sombre. J’ai l’impression de me trouver au fond d’une cuvette. Je cherche quelques affaires sur moi, prends le temps de m’arrêter quelques minutes, puis allume une bougie. Ouf. Aucune bestiole agressive ! Content de cette trouvaille, je cherche la prochaine porte. Elle se trouve en face de moi, ou presque. Le problème étant que son palier se trouve bien au-dessus de moi. Il va falloir escalader, ou trouver un marchepied conséquent. Je cherche dans les détritus qui jonchent le sol – en m’arrêtant à trois reprises pour ne pas régurgiter mon repas de ce matin – et  j’arrive à me confectionner de quoi monter. Je dois être proche du sommet désormais, la lumière se fait plus forte une fois traversé le dernier palier. Les quelques hauteurs me séparant du haut de la tour sont constitués d’embranchements de barres métalliques et de plastique. On peut imaginer un duel de mikado moderne entre deux géants.

 

                Enfin, je suis arrivé à mon objectif ! Je peux me reposer et respirer de l’air potable pour mes poumons. M’asseyant sur un rebord pas trop pentu, j’admire la vue qui s’étend à moi. Je me trouve vraiment très haut, et je préfère fixer l’horizon plutôt que l’édifice que je viens de gravir. Je sors l’éponge de mon holster. Désormais, , il ne me reste plus qu’une chose à accomplir… Faire cette vaisselle !!!

 

Daënor

Dessiné par John Howe, dessinateur de nombreux dessins pour Le Seigneur des Anneaux. J.R.R Tolkien.

Dessiné par John Howe, dessinateur de nombreux dessins pour Le Seigneur des Anneaux. J.R.R Tolkien.

Rédigé par Etienne Charleux

Publié dans #Ecrit du jour

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